
21 octobre 2021.

L’émission littéraire proposée par Josiane Guibert qui vous fait partager ses découvertes, ses points d’intérêts et ses coups de cœur.
1. Orléans et le Loiret, terres de littérature
Les Voix d’Orléans ou le rendez-vous annuel de la littérature francophone à Orléans.
À Fay-aux-Loges, le salon des auteurs loiretains.
2. Quelques auteurs du Loiret
Catherine Secq et les enquêtes de la commissaire Bombardier. Son dernier titre, Une mort paradisiaque, chez Librinova.
Luc Fori et les enquêtes de William Carvault. Son dernier titre, Coup franc indirect chez Inanna éditions.
Franck Bellucci pour s’exprimer avec aisance et clarté, Guide pratique de l’orateur chez Ellipses.
4. Deux de mes derniers coups de cœur
Le Bureau des affaires occultes, d’Éric Fouassier chez Albin Michel.
Enfant de salaud, de Sorj Chalandon chez Grasset.
5. Quelques unes des rencontres littéraires de novembre dans le Loiret
1. Orléans et le Loiret, terres de littérature

Orléans, terre de débat et d’échanges pour le parlement des écrivaines francophones qui se sont retrouvées et ont retrouvé le public pour les Voix d’Orléans. Du 7 au 9 octobre, de nombreuses rencontres se sont tenues pour faire entendre les voix de femmes engagées et combatives du monde de l’écriture et de l’art.

Le 14 novembre à Fay-aux-Loges se tiendra le salon des auteurs loirétains auquel sont invités une vingtaine d’auteurs, tous du Loiret. On pourra y trouver romans, polars, poésie, ouvrages historiques, livres sur la Loire ou la forêt d’Orléans… La production est importante et très variée. Cela permettra au public de rencontrer les auteurs et d’en savoir plus à propos de leurs œuvres. Auteurs attendus : Pierre Allorant, Lionette Arnodin, Christian Arnoult, Jean-Louis Bechu, Franck Bellucci, José Brusso, Yves Bodard, Nicolas Butte, Marie Cabreval, Christian Chesneau, Glawdis Constant, Alain Denis, Sophie Deschamps, Nadine Gannat, Maryse Gressier, François Guéroult, Yves Hardouin, Jean-Paul Imbault, Philippe Jourdain, Laurène Lombardo, Noelle Mirande, Nicole Mouninou, Francis Oliver, Jean-Paul Poccioni, Joël Raffard, Olivier Renard, Yann Rigolet, Paul-Albert Rudelle, Catherine Secq, Marie-Claire Soulas, Jean-Pierre Simon, Clothilde Trinquet, Isabelle Verneau, Chérif Zanarini.
2. Quelques auteurs du Loiret

Orléanaise et ingénieure agronome, Catherine Secq a fait toute sa carrière dans l’horticulture. Elle en a gardé le goût des fleurs et de l’ornementation. J’en veux pour preuve la qualité et le graphisme des couvertures de ses livres, illustrations colorées et percutantes qui accrochent immédiatement le regard, qui lui sont dues et démontrent un véritable talent de graphiste. Car, depuis 2018, elle a écrit et publié six livres, tous des enquêtes de la commissaire Bombardier. Celle-ci, comme son nom l’indique, a l’habitude de mener énergiquement les enquêtes, sans prendre de gants, en mettant souvent les pieds dans le plat, assistée de son fidèle coéquipier, l’inspecteur Paul Holo, pour elle souvent homme à tout faire voire souffre-douleur ! Écrites sur un ton léger, les enquêtes sont bien construites et racontées avec humour. Les noms des protagonistes ne sont pas choisis au hasard et collent bien à leur personnalité. Mais attention, sourire de rigueur, ce ne sont pas des polars noirs. Une mort paradisiaque, le dernier opus de la série, doit son titre au cimetière du Paradis. On y a trouvé un mort. Pas étonnant dans un cimetière me direz-vous ? Mais il y est mort et Josiane Bombardier s’est mis en tête de comprendre pourquoi : est-ce un suicide ? Un accident ? Une mort naturelle ? Ou un crime ? Notre commissaire va donc mener une enquête dont l’issue ne semble pas si facile ! Un livre plaisant, léger et qui permet de passer un bon moment de lecture.

Né à Olivet, Luc Fori a exercé la fonction de professeur de lettres à Bourges. Curieux de tout, il attache de l’importance au partage et à la convivialité. Il a du plaisir à composer et interpréter des chansons à texte avec des amis et il s’adonne à l’écriture depuis de nombreuses années. Il a déjà publié sept romans ; Coup franc indirect est le sixième opuscule des aventures de William Clairvault. Dans les précédents livres de Luc Fori, Will Clairvault, renvoyé de la police pour avoir tenté de faire rentrer d’un coup les 40.000 définitions du Petit Larousse dans la tête d’un skin qui mourut ainsi d’une violente et foudroyante allergie au savoir, ce vieux Will est un enquêteur peu doué, mais condamné par le destin à explorer les fonds de poubelle de la société de consommation. Ses initiales auraient pu mettre la puce à l’oreille à quelques astucieux exégètes ! Les hasards de la vie lui ont permis de s’installer à son compte comme agent immobilier, ce qui lui permet de rencontrer pas mal de gens et d’avoir de l’argent pour s’acheter des guitares. À part ça, il est macho, violent et égoïste, mais il plaît aux lecteurs ! Dans son dernier livre, Luc Fori a voulu revenir au début des aventures de cet enquêteur hors norme. Ainsi, loin du Berry, on se retrouve à Paris au 36 quai des Orfèvres où Will et Gilles, son partenaire, vont enquêter sur la mort d’un petit dealer et se retrouver plongés dans l’univers de la drogue et du football professionnel. Ce duo de choc, surnommé par leur chef « les pieds nickelés », va devoir faire preuve de hardiesse et de sagacité. Et, en lisant ce livre à l’intrigue policière bien construite mais jubilatoire, on voit Will se démener dans des situations aussi cocaces qu’inattendues. Un petit livre qu’on peut mettre dans sa poche et emporter partout, un moment de plaisir et d’humour car Luc Fori est un maître dans l’écriture de jeux de mots ! Coup franc indirect aux éditions Inanna.

Après avoir été professeur de lettres dans le secondaire, Franck Bellucci enseigne la littérature, la communication orale et la culture générale à l’école polytechnique de l’université d’Orléans. Dans le cadre de sa carrière d’enseignant, il a publié des ouvrages universitaires puis, à partir de 2008, il s’adonne à l’écriture de pièces de théâtre et d’ouvrages de littérature. En 2011, il fonde la Compagnie de l’Encre au sein de laquelle il est un acteur talentueux et également metteur en scène. C’est un bourreau de travail pour qui privilégier la qualité des relations humaines est primordial. Il a publié trois pièces de théâtre, toutes représentées, deux romans, un récit autobiographique et deux recueils de nouvelles. Aujourd’hui, il nous propose un petit manuel, très bien construit et structuré, à l’attention de tous ceux qui veulent être à l’aise pour parler en public : Guide pratique de l’orateur aux éditions Ellipses. Voici ce qu’on peut en dire à partir du texte de la 4e de couverture : …on ne naît pas orateur, on le devient. Celles et ceux qui sont les plus habiles à communiquer à l’oral utilisent en vérité des techniques, parfois même des stratégies. Ainsi, au travers ces pages, on peut apprendre à préparer au mieux une prestation orale, on comprend comment la mettre en œuvre efficacement, on découvre qu’il est possible d’affirmer son charisme et de le développer, on appréhende l’empathie pour savoir en faire une alliée…. Clair, accessible, illustré d’exemples et émaillé d’anecdotes amusantes, ce petit livre s’adresse à tous ceux qui veulent se perfectionner dans l’art de la prise de parole et il est loin d’être ennuyeux !
3. Maurice Genevoix

On ne peut pas parler d’auteurs du Loiret sans évoquer Maurice Genevoix qui, né à Decize en 1890, a « valé » avec sa famille alors qu’il avait 2 ans jusqu’à Châteauneuf-sur-Loire où il a vécu jusqu’en 1928 avant de s’installer dans sa maison des Vernelles à Saint-Denis-de-l’Hôtel. Habitant Châteauneuf-sur-Loire depuis trente ans, je me suis tout naturellement intéressée à cette grande figure de la littérature française et j’ai été associée à différentes productions culturelles autour de ce grand écrivain, académicien, entré au Panthéon le 11 novembre 2020 avec Ceux de 14 dont il a témoigné de l’engagement dans son recueil éponyme.
Mais j’estime n’avoir ni l’autorité ni la compétence pour parler de lui. Aussi, je donne la parole à Jacques Tassin qui a écrit de nombreux livres sur Genevoix et que je considère comme un spécialiste : « Genevoix, c’est l’élégance de style et la précision du verbe mises au service d’une ferveur de la vie. Une ferveur naturelle chez l’enfant qui grandit sur les bords d’une Loire sauvage et belle ; une ferveur renforcée au centuple par l’expérience de la guerre. Genevoix, c’est donc l’amour de la Vie magnifié par l’art. »
Un jour, un des derniers romans écrit par Maurice Genevoix alors âgé de 85 ans et qu’il présentait lui-même comme un ouvrage testamentaire, est paru en 1976 aux éditions du Seuil et vient d’être réédité aux éditions Plon.
L’intrigue de ce livre est très simple : c’est la rencontre entre deux hommes, l’auteur et un vieil homme, Fernand d’Aubel qu’on peut considérer comme son double, car les deux hommes ont de nombreux points communs, que ce soit dans leurs caractères que dans leur rapport au vivant. Elle est le prétexte à un éloge de la nature, de l’authenticité, de la simplicité. Dans ce livre, tout est vrai et simple, les personnes dans leur pragmatisme naturel, loin de ces « gaillards intelligents dont la façon d’être intelligents nous ferait remercier le ciel de n’être qu’un simple d’esprit », la nature et les animaux qui l’habitent. On y fait des rencontres, elles aussi toutes simples, comme « deux papillons accouplés, deux bombyx. Chacun d’eux, les ailes étalées à plat, eût épousé les lignes d’un demi-cercle idéal. Ainsi unis, par les seules pointes de leurs abdomens, mais les franges de leurs ailes se touchant bord à bord, leur couple apparaissait comme un joyau étrange, parfaitement rond, enrichi d’ocelles symétriques, couleur d’opale sur un fond brun lavé de vert… Quel joaillier eût imaginé composition plus admirablement vivante ? » Ce livre est un hymne à la vie et à la nature où chacun a sa place et doit rester à sa place. Quand on l’ouvre, la plume de Maurice Genevoix nous entraîne et nous invite à observer, à entendre, à sentir, à mobiliser tous nos sens pour nous émerveiller devant l’harmonie de la nature qui nous entoure et qu’il faut préserver. Émerveillement, telle est la posture de l’auteur dans ce livre ; émerveillement, mais aussi respect. Pas de revendications écologiques dans ce livre, mais une poésie sensible, un regard bienveillant et attentif. Et en le refermant, on se sent apaisé et heureux. On peut ensuite le reprendre n’importe où et s’imprégner de ces mots que seul un grand écrivain comme Maurice Genevoix a pu assembler pour en faire une véritable œuvre d’art.
Page 19, il écrit : « Le même silence. Un gland qui tombait d’un chêne, rebondissant de branche en branche, éveillait des échos sans fin. Le trottinement d’une musaraigne, le sibilement imperceptible d’une cane dans la jonchère, tous ces chuchotis de la nuit rendaient encore plus saisissante l’absence de tout bruit humain… Les arbres mêmes me dépaysaient, relevaient d’essences inconnues. Hautains et sombres, ils dressaient maintenant côte à côte des troncs monumentaux, striés de longues cannelures qui déconcertaient le toucher… il y avait, au ras du sol, une sorte de forêt avortée, des vingtaines de pousses ligneuses, des cônes trapus, au sommet arrondi comme des moignons refermés. Rien n’eût pu affirmer davantage le sentiment de réalité autre qui m’avait progressivement envoûté. » Un livre très beau, très fort qu’il faut absolument lire et relire, et dont on ne se lasse pas.
4. Deux de mes derniers coups de cœur

Le Bureau des affaires occultes, d’Éric Fouassier chez Albin Michel
Éric Fouassier viendra rencontrer ses lecteurs à la librairie Gibier de Pithiviers le 17 novembre à 19 h 30. Depuis 2005, ce professeur de droit pharmaceutique à l’université Paris-Saclay a écrit quatorze livres : trois recueils de nouvelles et onze romans parmi lesquels six sont des policiers historiques dont Le bureau des affaires occultes publié chez Albin Michel que je vais vous présenter et qui a été récompensé par le Prix 2021 des maisons de la Presse. L’action se déroule à Paris à l’automne 1830, dans un climat d’instabilité politique. Après les journées révolutionnaires de juillet 1830, le gouvernement de Louis-Philippe doit faire face à une opposition virulente. Par ailleurs, dans la capitale, de nouveaux quartiers commencent à être bâtis et abritent les premières fortunes bourgeoises de ce début de siècle alors que dans un Paris insalubre et moyenâgeux, on constate une paupérisation du milieu ouvrier qui vit dans des taudis et dans des conditions difficiles. C’est également le début du développement de la technique, des progrès scientifiques et de la médecine légale. Voilà pour le cadre. On va suivre les aventures de Valentin Verne, jeune inspecteur muté à la brigade de Sûreté. Il va entreprendre une double enquête : élucider une série de morts par suicide qui peuvent avoir des conséquences sur la politique, et rechercher le Vicaire, un criminel, prédateur de jeunes garçons. Très bien écrit et parfaitement documenté sur le plan historique, social et scientifique, ce roman permet de suivre les péripéties de personnages fictifs qui côtoient des personnages ayant réellement existé comme Pierre Joseph Pelletier qui fut professeur à l’école de Pharmacie, Eugène-François Vidocq, cet ancien bagnard gracié par Louis XVIII et devenu chef de la Sûreté, Évariste Galois, mathématicien de génie, militant dans les cercles révolutionnaires et qui mourut en duel en 1832 à l’âge de 21 ans. Cela contribue à rendre l’époque plus vivante et à immerger le lecteur dans l’action.
J’ai tout de suite été captivée par ce roman au rythme haletant et qui a évoqué pour moi l’atmosphère des Mystères de Paris d’Eugène Sue, publié en feuilleton dans un journal de 1842 à 1843 et qui montre notamment la misère du petit peuple parisien. Le livre d’Éric Fouassier, écrit en chapitres courts ayant tous un titre, aurait pu, lui aussi, paraître en feuilleton ! J’ai apprécié la qualité des éléments historiques concernant une époque assez mal connue. Ce livre donne envie d’en savoir davantage. Tout à fait intéressant également est l’accent mis sur l’essor des découvertes scientifiques et qui met bien le doigt sur le fait que des découvertes destinées à améliorer la vie peuvent aussi être utilisées à des fins criminelles par des personnages sans scrupule ! À la fin du livre, une seule des enquêtes est résolue. Et je ne doute pas que, comme moi, les lecteurs attendent avec impatience une nouvelle aventure de l’intrépide enquêteur Valentin Verne qui devrait paraître au cours du premier semestre 2022.
Voici le début du livre : « Affronter sa peur. Lorsqu’il a découpé la toile de tente à l’aide d’un tesson de bouteille, l’enfant croyait trouver un refuge. Il ne pouvait pas imaginer ce qui l’attendait à l’intérieur. L’escalade de la peur. Tous ces regards enfiévrés, tous ces visages effarés qui lui renvoient sa propre terreur… Maintenant, il gît là, tremblant de tous ses membres, recroquevillé dans une pénombre poisseuse. Les rares chandelles disposées à l’intérieur n’ont pas fonction de chasser l’obscurité, mais de créer un savant jeu d’ombres et de clartés. Elles semblent flotter dans l’air, tels des papillons de flamme. À leur lueur inquiétante le jeune garçon préférerait encore le tunnel d’encre de la rue. Le noir, le néant. Tout, plutôt que ces visions d’épouvante qui l’assaillent sous la toile humide. Mais il n’ose plus bouger. Il se contente de fermer les yeux. Comme si le rideau de ses paupières constituait un rempart efficace. Suffisait à faire disparaître l’insoutenable. »
Vous avez envie d’en savoir davantage ? Courez vite chez votre libraire !

Enfant de salaud, de Sorj Chalandon chez Grasset
J‘avais lu Profession du père de Sorj Chalandon. Il y racontait les élucubrations de son père, mythomane et violent, qui s’inventait des vies professionnelles pour briller aux yeux de sa famille. Après cette lecture, je m’étais posé la question de la difficulté que peut avoir un enfant à se construire après une telle enfance. Pourtant, l’auteur n’en est pas moins devenu journaliste à Libération, récompensé par le prix Albert Londres pour avoir chroniqué le procès de Klaus Barbie en 1988.
Aujourd’hui, je vais vous parler de son livre Enfant de salaud aux éditions Grasset.
Alors qu’il était encore jeune, son grand-père l’avait appelé « enfant de salaud » en lui disant avoir vu son père habillé en soldat de l’armée allemande sur la place Bellecour à Lyon pendant la seconde guerre mondiale.
Cela avait été alors un choc pour l’auteur qui écrit page 39 : « Lorsque je suis devenu adulte, mon père ne m’a plus parlé de la Résistance. Son fils, son spectateur, son captif avait quitté le théâtre sur lequel il régnait. Il n’y avait plus de petites mains pour applaudir sa bravoure. J’ai passé mon enfance à croire passionnément tout ce qu’il me disait et le reste de ma vie à comprendre que rien de tout cela n’était vrai. Il m’avait beaucoup menti. Martyrisé aussi. »
Aussi, il va enquêter sur le passé de son père parallèlement au suivi du procès Barbie. Il va donc interroger les archives départementales du Nord pour retrouver son dossier judiciaire et tenter de découvrir la vérité. En amenant son père à regarder son passé, il espère trouver des éléments lui permettant de comprendre quel homme il a été dans cette période trouble de la guerre. Il découvre alors que son père a été condamné après la Libération à cinq ans d’indignité nationale pour activité antifrançaise. Ayant changé d’uniforme cinq fois en quatre ans, engagé dans l’armée française, puis dans l’armée de Pétain, puis dans la Légion tricolore, une formation d’extrême-droite, puis dans l’armée allemande, et enfin la dans la Résistance, c’est un personnage insaisissable.
Le livre est très bien construit parce qu’on avance en découvrant deux histoires : sa quête face à un père mythomane et fuyant, et le procès d’un homme qui a torturé des Résistants, a fait éliminer les enfants d’Yzieu – là où commence le roman – avec froideur, indifférence et détermination. Sorj Chalandon aurait pu pardonner à son père d’avoir été un traître, un menteur s’il l’avait reconnu. Ce qu’il ne peut accepter, c’est que pas une seule fois son père n’aura été sincère avec lui et donc n’aura « endossé un habit d’homme ». Il dit «: Tu m’aurais avoué tout ça, le soir, en confident secret. Peut-être n’aurais-je pas compris, mais tu m’aurais parlé, enfin. Enfin tu te serais débarrassé de ces oripeaux militaires et tu aurais endossé un bel habit d’homme. Un costume de père. » De la même façon, Barbie se dérobe, ne reconnaît rien, n’assiste plus à son procès, plongeant dans un véritable désarroi les victimes venues témoigner avec gravité et dignité. Et en cela, les attitudes de ce père qui a failli à son rôle de père et de ce bourreau qui a commis un crime contre l’humanité font que cette histoire de famille rejoint l’Histoire avec un grand H. Un livre fort, un chemin de souffrance dont on ressort bouleversé. J’en veux pour preuve ce cri de douleur page 260 : « Oui, je suis un enfant de salaud. Mais pas à cause de tes guerres en désordre, papa, de tes bottes allemandes, de ton orgueil, de cette folie qui t’a accompagné partout. Ce n’est pas ça un salaud. Ni à cause des rôles que tu as endossés : SS de pacotille, patriote d’occasion, Résistant de composition, qui a sauvé des Français pour recueillir leurs applaudissements. La saloperie n’a rien à voir avec la lâcheté ou la bravoure. Non. Le salaud, c’est l’homme qui a jeté son fils dans la vie comme dans la boue. Sans traces, sans repères, sans lumière, sans la moindre vérité. Qui a traversé la guerre en refermant chaque porte derrière lui. Qui s’est fourvoyé dans tous les pièges en se croyant plus fort que tous : les nazis qui l’ont interrogé, les partisans qui l’ont soupçonné, les Américains, les policiers français, les juges professionnels, les jurés populaires. Qui les a étourdis de mots, de dates, de faits, en brouillant chaque piste. Qui a passé sa guerre, puis sa paix, puis sa vie entière à tricher et à éviter les questions des autres. Puis les miennes. »
5. Quelques unes des rencontres littéraires de novembre dans le Loiret
Voici quelques-unes des prochaines rencontres littéraires dans le Loiret.
Dans le contexte sanitaire actuel, n’oubliez pas de réserver auprès des organisateurs.
- Le 6 novembre de 10h à 18h à l’espace culturel Leclerc de Chécy, dédicace de Jean-Paul Von Schram pour La Menace et Un tueur est passé.
- Le 14 novembre, salle polyvalente, salon des auteurs loiretains à Fay-aux-Loges.
- Le 17 novembre à 19h30 à la librairie Gibier de Pithiviers, rencontre avec Éric Fouassier pour Le Bureau des affaires occultes et avec Michel Fouassier pour Les Pantoufles et l’Arbre vengeur.
- Le 20 novembre de 10h à 18h à l’espace culturel Leclerc de Chécy, dédicace d’Antoine Bruneau pour Crimes de guerre dans le Loiret.
- Le 27 novembre de 10h à 18h à l’espace culturel Leclerc de Chécy, dédicace de Sylvain Gillet pour Comedia nostra.