A&L :: Lectures in the Mood #11

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Lectures in The Mood #11

15 septembre 2022.

L’émission littéraire proposée par Josiane Guibert qui vous fait partager ses découvertes, ses points d’intérêts et ses coups de cœur.

Au programme :
– Petit souvenir de vacances, suite à ma visite du Clos Lupin à Étretat, L’Aiguille creuse, une enquête d’Arsène Lupin par Maurice Leblanc.
–  Sous l’aile du lion de Céline Debayle aux éditions Arléa. Un très beau roman, remarquablement écrit : Violette a perdu sa sœur et l’homme qu’elle aimait. Elle retourne à Venise, une ville qu’elle aime beaucoup, dans l’espoir que cela va l’aider à se reconstruire.
Chemin de Croa de Catherine Secq aux éditions Librinova. Une enquête de la commissaire Bombardier qui a pour cadre Orléans, plus particulièrement le quartier Saint-Marceau et les fêtes de Saint-Fiacre où l’auteure dédicacera son livre le dimanche 28 septembre dans le marché devant l’église Saint-Marceau.
La revanche des orages de Sébastien Spitzer aux éditions Albin Michel. Un roman écrit d’après l’histoire du pilote Claude Eatherly qui, le 6 août 1945, a participé au bombardement d’Hiroshima. Un livre très fort sur le remords et l’héroïsme.
L’étrange traversée du Saardam de Stuart Turton aux éditions Sonatine. Un roman historique, ésotérique, policier, un huis-clos envoûtant qui tient le lecteur en haleine jusqu’au bout lors de la traversée périlleuse du Saardam des Indes à Amsterdam.
Dans bien longtemps tu m’as aimé de Yann Verdo aux éditions du Rocher. Un très beau livre sur l’amour qui fait le parallèle entre l’histoire du narrateur et celle du poète Robert Desnos dont l’un des poèmes a donné le titre du roman
 


1. L’Aiguille creuse une enquète d’Arsène Lupin par Maurice Leblanc.

Bonjour à tous,

Chers amis auditeurs je suis ravie de vous retrouver pour cette première émission de la saison.

Et je vous ai rapporté un petit souvenir de vacances : L’Aiguille creuse de Maurice Leblanc.

En effet, pendant l’été je suis allée en Normandie à l’occasion du festival Les musicales en Normandie et j’en ai profité pour me rendre à Étretat au Clos Lupin où Maurice Leblanc a vécu de 1915 à sa mort en 1941.

Cette maison est un lieu plein de charme, suranné certes, mais apaisant dans ce village devenu un lieu touristique tellement fréquenté qu’il en est devenu infréquentable !

Et pourtant, ce sont bien les falaises Étretat qui sont le décor de L’Aiguille creuse et, d’une manière générale, la Normandie est le théâtre de nombreux romans de Maurice Leblanc.

Comme sa maison, le style de Maurice Leblanc est un peu démodé. De nos jours, on lit des polars noirs, des thrillers. Mais, même s’il est assez misogyne, le personnage d’Arsène Lupin reste, à mon avis, très attachant et, en relisant cet ouvrage, j’ai apprécié son humour, sa fantaisie, sa provocation, une certaine forme de légèreté, de nonchalance et de fatalisme.

L’intrigue est bien construite, inventive ; c’est un roman qui fait du bien. À relire donc, car ce n’est pas une nouveauté !

En voici le résumé :

« Arsène Lupin serait-il mort ? Isidore Beautrelet, jeune étudiant en rhétorique et détective amateur génial, n’en croit pas un traître mot. Il se lance à la recherche du célèbre gentleman cambrioleur. »

Dans la première partie du roman, consacrée à élucider l’affaire du château d’Ambrumésy, on évoque la mort d’Arsène Lupin et les enquêteurs se réjouissent de la disparition d’un homme recherché par la police. Mais pendant ce temps, Arsène Lupin prépare des représailles qui vont faire du bruit et qui nous conduiront à l’énigme de L’aiguille creuse…

Dans ce livre, on assiste non seulement à une épopée pour résoudre une énigme riche en rebondissements où on découvre des messages codés, mais aussi au duel entre des esprits avisés et perspicaces. Malgré son écriture un peu démodée où l’imparfait du subjonctif ne manque pas, on s’amuse réellement à la lecture de cet ouvrage qui met en scène non seulement notre gentleman cambrioleur, mais des personnages intéressants comme le juge Filleul et l’apprenti détective Isidore Bautrelet.


2. Sous l’aile du lion de Céline Debayle aux éditions Arléa

Tous les livres que je vais vous présenter maintenant m’ont plu ou m’ont émue. J’ai choisi de vous les présenter par ordre alphabétique d’auteur.

Je vais donc commencer par Sous l’aile du lion de Céline Debayle aux éditions Arléa.

Voici la présentation de l’éditeur :

« Quand la Mort revient narguer Violette, voûtant sa fluette silhouette, elle la fuit jusqu’à La Fenice. Elle entre au bar du Théâtre, et là, dans les effluves lactés de cappuccino, elle se redresse. Et elle la brave.
Violette a la passion de Venise, de sa splendeur unique. Après la perte tragique de sa soeur et la trahison de son grand amour, c’est là qu’elle trouve refuge. Défaite, elle appelle la beauté à son secours. Parmi les palais et les tableaux, les églises et les canaux, sa lente renaissance adviendra. Sous l’aile du lion est un roman incandescent sur le retour à la vie après l’effacement brutal de la lumière et de la joie, mais surtout sur l’amour entre une mère et ses filles quand valsent les démons. »

L’auteure, Céline Debayle, vit entre Paris, Venise et la Grèce. Sous l’aile du lion est son troisième livre aux éditions Arléa.

C’est un livre court puisqu’il n’a que 122 pages ; mais combien ces pages sont denses et ce roman touchant et poétique. Dès le début, on est transporté par une écriture fluide dans un univers poétique. Ainsi, page 11 on peut lire : « Son rêve ne devint pas réalité, il resta rêve. La cité endormie se voilait de tulle, les ponts fumaient et les palais pâles peuplaient les eaux vaporeuses. »

Les personnages de ce roman portent des noms de fleurs, de couleurs  : Violette, Rose sa mère, et Blanche, sa sœur, morte tragiquement et omniprésente.

Bouleversée par la mort de sa sœur, par la vue de sa mère qui perd la raison et par la perte de son grand amour, Violette va chercher l’apaisement à Venise, Sous l’aile du Lion, là où elle ne voyait que joie et exubérance. Tout dans Venise la renvoie à des souvenirs d’amour et de sensualité. Mais parler de sexe n’est ici jamais vulgaire. On est sur les terres de l’art, de la poésie, de la beauté.  Pourtant, on comprend très vite que, dans son enfance, Violette a été violée par son grand-père que jamais elle ne nomme ; c’est l’Autre.

J’ai trouvé ce roman bouleversant de sensibilité, de poésie, une belle ode à l’art, en particulier à la peinture et à la musique, un bel hommage à Venise qui est comme un personnage du roman.

Voici un court passage de la page 63 :

« À Venise, dit Violette, j’aime peindre avec les yeux…

C’était à l’église Dei Frari, devant le mausolée du sculpteur Antonio Canova… un grand lion ailé incarnant Venise abattue de chagrin. En le voyant, Violette étouffa et trembla, et, près du félin terrassé, elle aussi faillit s’effondrer. Ce jour-là, elle sut que le beau pénètre autant l’esprit que le corps, qu’il peut ressusciter autant qu’assassiner.. »

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3. Chemin de Croa de Catherine Secq aux éditions Librinova

Parlons maintenant d’un polar léger, qui se lit très vite et permet de passer un bon moment, Le chemin de Croa de Catherine Secq aux éditions Librinova.

Voici ce qu’elle écrit en quatrième de couverture :

« Des poulets qui pourchassent des corbeaux : avouez que l’idée est savoureuse, non ? Cette histoire de « volailles » prend naissance à Orléans, au bord de la Loire.

C’est la Saint-Fiacre, la fête de tous les jardiniers. L’église Saint-Marceau, parée de milliers de fleurs, est prête à accueillir son habituelle foule d’admirateurs. En pleine inauguration officielle, la découverte d’un cadavre au pied du bénitier fait l’effet d’une déflagration et la traditionnelle commémoration prend subitement un ton bien plus rock and roll. Appelée en renfort par mon adjoint, il faudrait un petit miracle pour élucider cette

mauvaise blague, car ici, à part les corbeaux, qui diffusent leurs ragots avec délice, le silence est la règle. »

Orléanaise,Catherine SECQ est l’auteure de ce polar, le septième d’une série d’affaires confiées à la commissaire Josiane Bombardier. Avec ses romans à lire quand il pleut, elle a pour seule ambition de faire passer un bon moment à ses lecteurs. Ingénieure, elle a consacré sa vie professionnelle à l’horticulture. La nature est son autre passion. D’ailleurs, dans ses histoires, les plantes pointent régulièrement le bout de leurs feuilles.

Merci donc à Catherine de m’avoir envoyé le texte de ce livre. Dans ce nouvel épisode des enquêtes de la commissaire Bombardier, ce n’est pas elle qui mène l’enquête, mais plutôt son adjoint, Paul Holo, Polo. Parti en vacances à Orléans, dans les lieux où il a grandi, il va également devoir aller à la recherche de son passé. Cela avait été évoqué dans les opus précédents, mais commencer par ce roman ne gêne absolument pas, Catherine Secq sait rappeler l’essentiel pour que le lecteur comprenne et possède tous les éléments utiles.

Cet aspect du roman ajoute de la sensibilité et de l’humanité à un récit remarquable également par la bienveillance dont l’auteure fait preuve envers ses personnages.

Il m’a paru amusant qu’elle ait parsemé le texte d’expressions en rapport avec les oiseaux ! C’est vraiment un procédé originalt.

J’ai également apprécié la façon délicate avec laquelle elle met en valeur le patrimoine local. La corporation de la Saint-Fiacre, les festivités organisées chaque année par les membres de l’association. Rien d’étonnant pour une ancienne ingénieure en horticulture direz-vous ; mais cela est fait avec humour, légèreté et donne envie de se rendre aux prochaines fêtes de Saint-Fiacre ; elles se sont déroulées le dernier weekend d’août, mais rien n’est perdu, vous pourrez y assister l’année prochaine !

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4 – La revanche des orages de Sébastien Spitzer aux éditions Albin Michel.

Mon livre suivant, La revanche des orages de Sébastien Spitzer aux éditions Albin Michel

Voici la présentation par l’éditeur :

« Comment vivre après avoir propagé la mort ?
Un aviateur américain est hanté par la voix d’une enfant rescapée d’Hiroshima.De la légende à la descente aux enfers, le portrait vertigineux d’un héros malgré lui.

Voici l’histoire vraie du jeune pilote Claude Eatherly qui, le 6 août 1945, a participé au bombardement d’Hiroshima. Démobilisé, il est accueilli en héros mais s’enferme dans le mutisme. Une étrange voix le hante. Qui est-elle ? Que veut-elle ? Et si c’était la voix de sa conscience ? Tandis que les autorités le font passer pour fou, Eatherly entraîne sa femme et ses enfants dans une chute inexorable. »

Ce roman met en lumière l’histoire de Claude Robert Eatherly. Fils de paysans, né le 2 octobre 1918 au Texas, il a interrompu sa formation à l’Institut universitaire de formation des maîtres de Denton pour s’engager dans l’armée en décembre 1940.

Chef pilote du B29 Straight Fluch qui survole Hiroshima le 6 août 1945, il envoie au pilote du bombardier Enola Gay un message indiquant que les conditions sont favorables pour le largage de Little boy, la bombe atomique.que ce dernier transporte. À ce moment, il ignore la nature de la bombe.

Eatherly n’a pas été témoin des ravages, en particulier des dégâts humains qu’elle a causés, il n’est jamais allé au Japon ; mais, pendant, tout le reste de sa vie, il va être habité par un grand sentiment de culpabilité et rongé par le remords.

Voilà un roman très fort. Dès le début, le lecteur est entraîné dans cette tragédie. On suit l’histoire de Claude Eatherly, on comprend sa souffrance ; parallèlement, on assiste à la destruction de son couple pourtant créé sous de bons auspices. Une écriture rythmée, des retours en arrière savamment dosés, permettent de comprendre les protagonistes de cette partie de l’Histoire qui broie les individus. Dès le début du livre, la voix d’Hanaé, « la fille en fleur qui s’est fait cueillir, coupée sans sommation du reste de sa vie » symbolise la voix de la conscience d’Eatherly, cette voix qui le poursuit et lui fait perdre la raison.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre très bien documenté sur le plan historique, bien construit, très bien écrit et dont la lecture ne peut pas laisser indifférent.

Vraiment un livre très réussi dont la lecture m’a bouleversée et dont je vais vous lire un passage, page 214 :

« La ferme du Texas. Le fils revenu. Il a retrouvé son père. Son enfant. Dans ce nouveau monde en paix, le major peine encore à retomber sur ses pieds. Il dort mal. Il se réveille en sursaut. Son corps forme une équerre et sa bouche happe l’air comme la carpe en bout de ligne… Il s’étire et inspire pour mettre un peu d’air neuf entre lui et la honte. C’est la troisième fois qu’il rêve de cette fille au masque de cuir rouge. »

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5. L’étrange traversée du Saardam de Stuart Turton aux éditions sonatine.

Continuons avec L’étrange traversée du Saardam de Stuart Turton aux éditions Sonatine,  paru au printemps 2022.

Voici ce qu’en écrit l’éditeur :

«1634. Le Saardam quitte les Indes néerlandaises pour Amsterdam. À son bord : le gouverneur de l’île de Batavia, sa femme et sa fille. Au fond de la cale, un prisonnier : le célèbre détective Samuel Pipps, victime d’une sombre affaire.
Alors que la traversée s’avère difficile et périlleuse, les voyageurs doivent faire face à d’étranges évènements. Un symbole en lettres de sang apparaît sur la grand-voile, une voix terrifiante se fait entendre dans la nuit, et bientôt on retrouve un cadavre dans une cabine fermée de l’intérieur. Le bateau serait-il hanté, ses occupants maudits ? Aucune explication rationnelle ne semble possible. Et l’enquête s’avère particulièrement délicate, entre les superstitions des uns et les secrets des autres. »

Ce livre est assez épais pour demander un long temps de lecture ! Ce n’est ni un roman d’aventures, ni un polar, ni un roman ésotérique. Peut-être est-il tout cela à la fois !

Tout d’abord, c’est un véritable dépaysement historique et géographique. Nous sommes en 1634 à bord d’un gros voilier en partance des Indes néerlandaises vers Amsterdam, les cales remplies de marchandises dont des épices, mais aussi de secrets à percer…

D’étranges événements se produisent avant le départ, très vite l’atmosphère devient pesante, angoissante. Peu à peu, on fait connaissance avec les différents personnages, passagers, membres d’équipage ainsi que celle d’un prisonnier dont on ne sait que penser.

On se trouve pris dans une aventure, dans une intrigue dont on ne perçoit pas l’issue. De même qu’on ne sait pas qui mène l’enquête, car il y a bien une intrigue ; mais, qui sont les enquêteurs ? En effet, il y en a plusieurs, aux personnalités bien affirmées, et le lecteur ne découvrira qu’à la fin les noeuds d’une histoire incroyable qui le tient en haleine jusqu’au bout.

Pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce roman inclassable. Tous les genres y sont présents et il n’y a aucun temps mort tellement les rebondissements se succèdent. Avec une belle écriture, très bien documenté sur le plan historique, l’auteur nous entraîne dans une véritable épopée ancrée dans les croyances et les idées de cette époque.

J’ai aimé les descriptions, les incidents, l’atmosphère parfois déroutante de ce roman. Une lecture dépaysante, un récit intrigant qui jamais ne s’essouffle. Un bon roman à lire quand on a du temps, car il a plus de 500 pages !

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6. Dans bien longtemps tu m’a aimé de Yan Verdo aux éditions du Rocher.

Et nous terminerons cette présentation par mon plus gros coup de coeur du mois, Dans bien longtemps tu m’as aimé de Yann Verdo aux éditions du Rocher.

Tout d’abord, je remercie les éditions du Rocher pour la rencontre à Paris en juin au cours de laquelle a été présenté ce livre que j’ai beaucoup aimé.

Sur la quatrième de couverture, on peut lire :

« L’histoire commence et s’achève au cimetière du Montparnasse, sur une tombe. Celle du poète et résistant Robert Desnos, arrêté par la Gestapo un matin de Mardi gras. Interrogé rue des Saussaies, enfermé à Fresnes puis transféré au camp de Compiègne, celui que son ami André Breton surnommait le « prophète » du surréalisme, celui qui sidérait ses compagnons par ses facultés oraculaires dans les « Grands Sommeils », celui qui a donné souffle à Rrose Sélavy et au Corsaire Sanglot, prend le chemin de l’Allemagne nazie où il sera déporté de camp en camp jusqu’à Terezín. À cette histoire se mêle celle d’un amour entre un homme et une femme de notre époque. Un amour-passion qui se noue – et se dénoue – autour de l’auteur de Corps et Biens. Un amour foudroyant dont le souvenir hante encore le narrateur. Pour s’en libérer, il devra parcourir en pensée le Chemin de croix de son poète fétiche.

Yann Verdo est journaliste au quotidien Les Échos. Il  a publié en 2018 aux éditions Odile Jacob, un essai scientifique, Le Violon d’Einstein, et un très beau roman remarqué aux éditions du Rocher en 2020, Noone ou Le Marin sans mémoire. »

Le roman écrit par Yann Verdo raconte deux histoires d’amour en miroir : celle entre le narrateur et une femme rencontrée en librairie – histoire qui naît autour de l’oeuvre de Desnos – et le récit de la vie et de la déportation du poète, mort du typhus à Térézin en juin 1945, soit un mois après la fin de la seconde guerre mondiale.


Épris d’Yvonne George, une artiste de cabaret qui préfère les femmes, plus tard Desnos va rencontrer Youki qu’il va beaucoup aimer. Le narrateur évoque avec bienveillance la vie et les heurs de cet auteur mort jeune – à 45 ans – qui n’a cessé d’écrire même pendant les moments terribles de la déportation. On peut dire que le fait même d’écrire lui a permis de rester humain et tout simplement de survivre. En effet, il créait un roman dans sa tête et le mettait par écrit sur tous les petits morceaux de papier qu’il trouvait. L’écriture de ce roman le stimulait ; et tout s’est écroulé quand on lui a volé la boîte avec tous ses petits bouts de papier !

Ce livre est une ode à l’amour mais surtout à la poésie, à l’écriture. Pour moi, une belle découverte, car je connaissais mal l’oeuvre de Desnos. Ce roman m’a donné envie d’en savoir davantage. Tous les extraits de poèmes cités m’ont plu et je me suis plongée dans l’oeuvre immense d’un écrivain de génie.

Je ne résiste pas au plaisir de vous lire le poème de Robert Desnos qui a donné son titre à ce livre.

« Dans bien longtemps », poème XX du recueil Corps et biens publié en 1930 : « Dans bien longtemps je suis passé par le château des feuilles
Elles jaunissaient lentement dans la mousse
Et loin les coquillages s’accrochaient désespérément aux rochers de la mer
Ton souvenir ou plutôt ta tendre présence était à la même place
Présence transparente et la mienne
Rien changé mais tout avait vieilli en même temps que mes tempes et mes yeux
N’aimez-vous pas ce lieu commun ? laissez-moi laissez-moi c’est si rare cette ironique satisfaction
Tout avait vieilli sauf ta présence
Dans bien longtemps je suis passé par la marée du jour solitaire
Les flots étaient toujours illusoires
La carcasse du navire naufragé que tu connais —  tu te rappelles cette nuit de tempête et de baisers ? — était-ce un navire naufragé ou un délicat chapeau de femme roulé par le vent dans la pluie du printemps était à la même place
Et puis foutaise larirette dansons parmi les prunelliers !
Les apéritifs avaient changé de nom et de couleur
Les arcs-en-ciel qui servent de cadre aux glaces
Dans bien longtemps tu m’as aimé. »

Comme moi, j’espère que vous aimerez ce livre et que vous lirez des poèmes de Desnos.

Je vous souhaite de belles lectures en vous donnant rendez-vous le 20 octobre pour une prochaine émission.

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