
9 février 2023

L’émission littéraire proposée par Josiane Guibert qui vous fait partager ses découvertes, ses points d’intérêts et ses coups de cœur.
Au programme : 1 – Tempêtes et brouillards de Caroline Dorka-Fenech aux éditions de La Martinière, un roman introspectif qui pose la question de l’amour filial. 2 – Hors d’atteinte de Frédéric Couderc aux éditions Les Escales, un roman historique sur les traces d’un criminel nazi. 3 – Les Mares noires de Jonathan Gaudet aux éditions Belfond, un roman noir sur le pardon et l’oubli. 4 – Fièvres rouges, de Judith Rocheman aux éditions Plon, un roman historique qui plonge le lecteur dans le cercle des militants communistes des années cinquante. 5 – Et pour terminer sur une note plus légère, Veuf cherche femme immortelle de Jean-Louis Fournier aux éditions JC Lattès, un livre spirituel et plein d’humour. |


1. Tempêtes et brouillards de Caroline Dorka-Fenech aux éditions de La Martinière.
Voici la présentation faite par l’éditeur :
« Lorsque son père part vivre sa retraite au Maroc, épouse une femme aussi jeune qu’elle, se convertit à l’islam et annonce qu’il la déshérite, Carina, la « fille préférée », sombre dans la douleur. Qui est véritablement ce père ? Quelles colères enfouies est-il en train de faire ressurgir ?
Il est des romans écrits par urgence vitale. Tempêtes et brouillards est de ceux-la. Hanté par la figure du Roi Lear, entremêlant souvenirs à vif, conversations, réflexions sur l’héritage, l’amour filial, les gestes post-coloniaux qui s’ignorent, l’écriture et le pardon, il traverse la noirceur et la brûlure vers la réappropriation de soi. Porté par une écriture incantatoire, un suspense intime, il signe la profession de foi d’une écrivaine.
Caroline Dorka-Fenech est née en 1975. Rosa dolorosa, son premier roman paru en 2020 aux éditions de La Martinière, réédité au Livre de Poche, a remporté six prix littéraires. Tempêtes et brouillards est son deuxième roman, et une nouvelle fulgurance. »
J’ai découvert cette autrice à la lecture de ce livre, puissant, dérangeant, mais d’une force remarquable. À travers ce livre – est-ce une fiction ou est-il autobiographique ? – l’autrice plonge le lecteur dans son angoisse et un questionnement qui ne l’a jamais quittée depuis son enfance : est-ce que mon père m’a aimée ?
Car, dès le début du livre on est plongé dans les angoisses de Carina : comment surmonter le fait que ce père à délaissé ses enfants, qu’il les a maltraités, qu’il leur a fait subir des violences et des sévices et qu’un jour il décide de les accuser d’ingratitude ? Comment lui pardonner – et le chapitre sur le pardon est très beau et tellement bien écrit ? Comment accepter que ce père indigne ne veuille jamais reconnaître ses erreurs et n’exprime aucun regret ? Et surtout, comment se construire, car pour se construire n’a-t-on pas plutôt besoin d’amour ?
Ces questions détruisent la vie de Carina qui elle-même s’autodétruit ; elle n’est que colère et que révolte et c’est cette colère qui prend le pas sur tout le reste et qui la détruit peu à peu. Dès le début du livre, elle fait référence au roi Lear, ce père aveuglé par l’orgueil et l’intransigeance qui va déshériter Cordelia, la seule de ses filles qui l’aime d’un amour sincère, mais qui n’a pas réussi à le lui faire comprendre. Et, comme Cordelia, Carina n’a pas réussi à parler à son père, tout imprégnée par sa colère. Et tout dialogue devient impossible quand se pose la question de l’héritage, car, au-delà de la transmission des biens matériels, se pose celle de la transmission : que peut-on transmettre et à qui ? Comment ? Qui peut en être digne ?
On ne sort pas indemne de la lecture de ce texte fort et magnifique, remarquablement écrit.
p. 67
« Mais mon père avait menti.
C’était comme si son mensonge avait érigé une barrière, m’empêchant d’entrer dans la justesse de l’espace de mon roman.
Comme si je craignais que mon roman ne soit contaminé par cette fausseté.
Mon père avait menti. Il avait vernissé mon enfance, notre enfance à mes frères et à moi, une enfance qui, entre ses lèvres, s’était convertie en une imagerie laquée, un mirage de protection, d’abondance, avec ses fêtes de Noël et ses innombrables poulets dorés.
Mon père avait menti. »
p. 142
« Et quand son père la déshérite, elle le compare au roi Lear, et se voit dans la position de sa plus jeune fille, Cordelia, à qui il dit :
Tempêtes et brouillards sur toi
Que les incurables blessures de la malédiction d’un père
Déchirent tout ton être en tous les sens. »
Vous aurez compris pourquoi le titre de ce livre.
2. Hors d’atteinte de Frédéric Couderc aux éditions Les Escales.
Voici la présentation faite par l’éditeur :
« De nos jours, à Hambourg. Paul, écrivain à succès, apprend la disparition de son grand-père, Viktor. Sidéré, il découvre alors que de lourds secrets le relient à un officier SS complice de Josef Mengele à Auschwitz.
Dans le Berlin des années 1940, Viktor a vu sa sœur Vera enfermée au château de Sonnenstein. C’est le lieu du programme Aktion T4, visant à « débarrasser » le Troisième Reich de ses Aryens « déficients ».
Derrière le petit-fils, l’écrivain surgit bientôt. Et si son grand-père et ce passé brumeux devenaient le sujet de son prochain livre ?
Le roman de Paul raconte l’histoire de Viktor, du Hambourg de 1947 à aujourd’hui, en passant par le Ghana des années 1960. L’auteur découvre Horst Schumann, ce criminel nazi qui castrait les hommes et stérilisait les femmes à Auschwitz, resté impuni et pourtant recherché par le Mossad. Pourquoi sa traque a-t-elle échoué ? De quelles complicités a-t-il pu bénéficier ?
Tour à tour roman flamboyant, enquête historique, thriller haletant et roman d’amour, ce texte dénonce, éclaire et émeut. »
Ce livre mêle adroitement réalité et fiction. Viktor, Nina, Paul, sont les héros qui vont permettre de poser la question du sort des criminels nazis souvent poursuivis, mais restés impunis comme l’a été Horst Schumann, véritable sujet de ce roman palpitant et fort bien construit.
En voyageant de nos jours à 1940, avec des étapes dans les années soixante, en allant de Hambourg au Ghana, on va suivre la quête de Paul qui cherche à comprendre l’histoire de son grand-père pour en faire un sujet de roman et la quête de Viktor pour traquer et éliminer Schumann, médecin SS célèbre pour ses travaux ignobles visant à stériliser les Juifs détenus à Auschwitz (les hommes par ablation des testicules, les femmes par exposition des ovaires aux rayons X) et qui a été un des artisans de l’élimination programmée des handicapés mentaux allemands.
Sous couvert d’un véritable thriller, on découvre des pans de la machine à tuer mise en place par les SS. Bien sûr, que Viktor ait justement rencontré Nina, rescapée d’Auschwitz où, dans le block 10, elle a été entre les mains de Schumann pourrait paraître un hasard improbable. Mais, si le décor historique est réel et très bien documenté, nous sommes dans un roman qui, malgré les horreurs qu’il évoque, relate une belle histoire d’amour.
J’ai lu ce livre avec beaucoup d’intérêt et, bien qu’il ait presque 500 pages, je ne l’ai jamais lâché. Tout au long de ma lecture, j’ai eu envie de consulter des documents en ligne et, en ce qui concerne Host Schumann et les programmes auxquels il a été associé, on trouve de nombreuses sources fiables.
Vraiment ce roman est une réussite, de celles que j’aime et qui mêlent réalité et fiction, de celles qui font référence à l’histoire, de celles qui emmènent le lecteur dans un suspens permanent.
Citation p. 249
Paul a pris contact par téléphone avec Génia, rescapée d’Auschwitz et des expériences de Schumann.
« L’histoire nous apprend à ne pas voir hier avec les idées du présent. Il est trop tard pour raisonner avec des mots d’aujourd’hui. La bataille pour traduire en justice les nazis a été définitivement perdue après la guerre, et pas seulement en ce qui concerne Auschwitz. Notre façon de nous battre, ça a été de rester fidèle à notre engagement, de conserver notre foi humaniste. Finalement, Schumann a dû rester caché toute sa vie. C’est une punition, ça. Je ne pardonnerai jamais, mais je n’ai pas besoin d’une réparation. J’ai refusé les réparations de l’État allemand, vous savez, nos souffrances ne peuvent être réparées par de l’argent… »

3. Les Mares noires de Jonathan Gaudet aux éditions Belfond.
« Sous la douce lumière d’un matin d’été aux Mares-Noires, au beau milieu du Québec, une femme berce son bébé près d’une fenêtre, en fixant le coyote qui s’approche trop près de leur petite maison. Soudain, à la radio, un flash spécial : une explosion est survenue à la centrale nucléaire. Un bâtiment est en flammes, sept employés sont coincés à l’intérieur. Parmi eux, le mari de cette femme. Le cri qu’elle pousse alors ébranle toute la forêt. Les autorités se veulent rassurantes, mais la femme sait que le pire va arriver. Qu’il est trop tard.
Treize ans ont passé, la femme a refait sa vie et son bébé est devenue une adolescente rebelle. Si le drame qui les a touchées semble derrière elles, les fantômes ne sont pas loin. Encombrée de tensions, de silences, d’indicibles secrets, leur relation est une bombe à retardement aussi imprévisible que menaçante…
Avec ce roman d’une profonde noirceur, Jonathan Gaudet nous entraîne dans une danse macabre, tendue, d’une férocité radioactive. »
Né au Canada, Jonathan Gaudet réside à Vienne depuis 2015. Il parle le français, l’anglais, l’espagnol et le tchèque. Il a enseigné le français à Buenos Aires, Ottawa, Galliano (Louisiane), Prague et Athènes. Chanteur, musicien et compositeur, il a enregistré six albums et donné plus de 300 concerts en Europe. Son premier roman est La dérive des jours.
Comme son titre, ce roman est très noir. Au début de la lecture, j’ai été surprise par le style, descriptif jusqu’aux détails infimes et qui semblent inutiles. Puis je me suis habituée au style de l’auteur.
Ce livre est noir, l’atmosphère pesante, les personnages dérangeants. Les chapitres ne suivent pas l’ordre chronologique et cela peut être déroutant. Pourtant, cela ne m’a pas du tout gênée et les passages en rapport avec le passé ont bien éclairé le présent. Peu à peu, l’histoire prend du sens, les événements se relient les uns aux autres. En même temps, les personnages deviennent consistants, on arrive à s’expliquer leurs réactions et leurs aspirations.
Ce court roman de 126 pages pose question sur le deuil, le pardon et l’oubli. Il nous emmène au Québec, au sein d’une nature sauvage, désertée par ses habitants. Il interroge sur les dangers du nucléaire et sur la façon de surmonter une catastrophe.
Une découverte intéressante dont je vais vous lire un passage pour vous donner idée du style si particulier. p. 11 :
« La cour arrière de la maison donne sur le chenal. Le ruisseau vient d’un bras de la rivière qui rejoint le fleuve en formant le terrain qu’on a surnommé l’île Montesson. Une faible pente descend de la galerie jusqu’au rivage rocailleux par un sentier obstrué de broussailles et de racines. Tout au fond parmi les branches coule une eau brune dont le lit pierreux est recouvert de plantes aquatiques et infesté d’insectes aux noms de jeunes filles. Les amphibiens gluants, couleuvres et salamandres au contact glacial abondent. Les mammifères fuyant le bruit de l’autoroute s’y réfugient, survivants d’un univers qui n’est déjà plus le leur, plongeant leurs museaux tremblants dans l’eau sous le couvert de l’ombre des herbes hautes et des fougères.
Les fenêtres donnent à l’est. Les rayons du soleil s’engouffrent entre les troncs d’arbres aussitôt les premières heures passées. Le calme est absolu. Seule la ligne éphémère d’un bruant dans le ciel vient en déranger l’immobilité. »


4 – Fièvres rouges de Judith Rocheman aux éditions Plon.
Voici ce qu’on peut lire en quatrième de couverture :
« Julia Guzmán, fille d’un républicain espagnol mort pendant la guerre civile, agit avec la même ferveur qui habitait son père autrefois. Il lui a légué la mission de ne jamais faiblir dans la lutte contre le fascisme. C’est donc avec détermination qu’elle s’engage au lendemain de la guerre dans la cellule communiste de la place d’Italie pour porter les idées du camarade Staline. Elle est accueillie par un certain Sergueï Dimitrov, membre très actif du Parti, mais malgré les tentatives de ce dernier pour la séduire, c’est de sa femme, Émilie, dont Julia se sent proche. Une idylle secrète naît dans ce monde d’hommes où les femmes n’ont pas leur place.
Dans l’intimité de ce trio sous haute tension, une autre guerre froide se joue. Un combat secret et sans arme qui pourrait bien ébranler les convictions les plus fortes de Julia…
Un premier roman qui livre une vision féminine, juste et poignante du militantisme des années 50, annonciateur du réveil du deuxième sexe.
Judith Rocheman est née en Essonne en 1981. Petite-fille de l’humoriste Lionel Rocheman, et nièce du pianiste de jazz Manuel Rocheman, elle est professeure de français depuis 2005. elle anime également un atelier théâtre pour lequel elle a écrit plusieurs comédies. Fièvres rouges est son premier roman. »
Adepte des romans historiques, je n’ai pourtant pas lu beaucoup d’entre eux concernant ce thème et cette période. Et j’ai appris beaucoup de choses en lisant ce roman très bien documenté. On trouve l’atmosphère des cellules du parti communiste français telles qu’on peut se les imaginer à cette période, début de la guerre froide. On se rend compte immédiatement de la ferveur et de l’engagement militants de ces jeunes recrues du parti, de leur sincérité qui frôle parfois une certaine forme de naïveté…
Les massacres perpétrés par Staline ne sont pas encore connus et j’ai été surprise par la force de l’engagement aveugle de ces militants qui rêvent d’un monde meilleur et ne se rendent pas compte des manipulations mises en place par Staline et les dirigeants communistes qui sont sous ses ordres.
Et au-delà de la peinture du fonctionnement du parti à cette époque, de l’hypocrisie de certains de ses dirigeants, ce livre aborde le thème de l’homosexualité féminine, sujet tabou à cette époque. Julia et Émilie sont les véritables héroïnes de ce roman foisonnant, dans lequel on se perd un peu parfois tant les détails et les références historiques y abondent. Le thème de l’amitié y est également très bien abordé à travers le personnage de Betty, l’infirmière au soutien indéfectible.
Ce roman est très bien écrit, le style est fluide et le vocabulaire très approprié et cohérent avec l’époque décrite. Les personnages sont consistants et on arrive à bien les connaître au travers de leurs comportements. On s’attache au destin des deux héroïnes au cours d’une intrigue qui, peu à peu, pourrait se comparer à celle d’un roman d’aventures.
Judith Rocheman fait ici preuve d’un talent très prometteur.
Et voici un passage de la page 76 :
« Les Russes avaient un plan. Le froid, les crampes, la faim s’occuperaient d’elle. Ces renards avaient toutes sortes de méthodes pour atteindre leur but. La laisser croupir dans un camp n’était pas la méthode la plus efficace. Lui arracher les ongles non plus, au moins pour l’instant. Étant donné sa jeunesse et le fait qu’elle était une femme, sûrement plus influençable, elle pouvait certainement servir à d’autres fins. Pour le moment, il fallait qu’elle les craigne. Qu’elle n’ait aucune envie de désobéir. Elle semblait sincère. Un peu naïve et sans doute manipulée par ce Dimitrov. Sa ferveur les attendrit presque, d’ailleurs. Il y avait longtemps qu’ils n’avaient pas rencontré autant de fierté, de passion chez une militante. »

5. Veuf cherche femme immortelle de Jean-Louis Fournier aux éditions JC Lattès.
« Ma femme Sylvie était très bien élevée, elle aura commis dans sa vie une seule faute de savoir-vivre. Elle qui s’effaçait toujours, pour laisser passer les autres, est partie la première. Elle avait beaucoup de qualités, il lui en manquait une : l’immortalité. »
Parce qu’il se sent seul, qu’il ne veut pas être veuf une seconde fois, Jean-Louis Fournier publie une petite annonce : Veuf cherche femme immortelle. Des lettres lui parviennent, de parfaites inconnues et de femmes célèbres : La Joconde, Néfertiti, Sissi, Emma Bovary, Carmen, Jeanne d’Arc, la Goulue, la Vierge Marie, Chimène, la Castafiore… Difficile de choisir, il a besoin des conseils de Sylvie qui lui répond de l’au-delà. Ses avis sont toujours pleins de bon sens et d’humour.
Veuf cherche femme immortelle est une célébration de toutes les héroïnes, un chant plein de douceur et de mélancolie. C’est aussi le portrait émouvant de l’épouse tant aimée et qui n’est plus, celle qui a été et reste le grand amour d’une vie, sa femme immortelle.
Écrivain et réalisateur, Jean-Louis Fournier est l’auteur de récits personnels dont la plupart ont connu un grand succès critique et public : Il a jamais tué personne, mon papa ; Où on va papa ? ; Poète et paysan ; Veuf ; Ma mère du Nord ; Je ne suis pas seul ; Je n’ai plus le temps d’attendre.
Voici ma réaction à ce livre :
Cher Jean-Louis Fournier,
Au hasard de mes lectures, je viens de découvrir votre annonce.
J’aurais sans doute pu faire comme vous et en publier une dont le titre aurait été Veuve cherche homme immortel. Car comme vous, je suis veuve, mais j’avoue que je n’y ai pas pensé, car on ne peut remplacer quelqu’un qu’on a beaucoup aimé, c’est lui l’éternel et aucun autre ne pourra jamais répondre à ce que j’attends.
Oui, nous avons un point commun, mais je ne serai jamais votre immortelle comme vous ne serez jamais mon immortel. Et si je vous écris aujourd’hui, ce n’est pas pour prétendre être celle que vous cherchez, mais pour vous dire combien j’ai aimé votre livre. De nombreuses femmes célèbres, de celles qui ont fait l’Histoire ou l’histoire des arts y sont convoquées, et vous jouez avec humour et fantaisie à les faire répondre à votre annonce. Dans chaque réponse on retrouve la personnalité de son autrice, son style et parfois un peu de sa vie. Mais après que vous ayez lu chacune d’elles, Sylvie est là, près de vous, elle vous guide, elle vous accompagne avec bienveillance. Elle vous connaît bien, elle sait à quel point vous êtes sensible au charme des femmes, à leur beauté, à leur esprit. Elle est votre immortelle et vous l’aurez toujours à vos côtés.
Merci pour ce livre savoureux que j’ai dégusté par petites lettres, dont certaines m’ont émue ou m’ont fait sourire.
Allez, chers auditeurs, voici quelques extraits :
« Monsieur,
J’ai lu votre annonce avec intérêt et je n’ai pas résisté à vous écrire, c’est mon passe-temps favori.
Nous pourrions nous rencontrer à Grignan chez ma fille, un endroit exceptionnel, le château est du XIIe, le village est couvert de roses et je vous apprendrai à danser le menuet…
J’aimerais vous avoir comme correspondant.
Nous nous écrirons des lettres enflammées. »
Vous l’aurez deviné, c’est signé « Marquise de Sévigné »
une deuxième :
« Senor,
Je suis espagnole, f arouche et ombrageuse.
Il n’est pas impossible que je sois immortelle.
J’en prends le chemin, j’ai 200 ans.
Je souhaiterais vous rencontrer pour vous faire un gros Bizet. »
Et c’est signé Carmen.
Et une dernière :
« Cher monsieur,
Je réponds à votre annonce.
J’étais chanteuse d’opéra, vous m’avez peut-être déjà entendue, j’ai souvent chanté Faust de Gounod : « Ah je ris de me voir si belle en ce miroir ! »
Je suis veuve moi aussi, je vis en Syldavie.
Depuis quelques années, je vivais avec un capitaine de marine, il m’a quittée pour les rivages de l’île Noire.
Je ne ris plus.
Je me regarde dans mon miroir pour savoir su je suis encore belle. Personne ne me répond.
Auriez-vous envie de rompre le silence et de me dérider. »
Signé la Castafiore